L'historien Shlomo Sand est connu surtout pour son ouvrage: Comment le peuple juif fut inventé, il y revient dans cet entretien accordé à Nice, en précisant qu'il ne nie pas la réalité d'un peuple juif, mais que celui-ci est plus le fruit de la situation engendrée par le sionisme que d'une origine homogène. Il en est de même pour les Palestiniens, comme ce fut le cas pour les Algériens, en réaction à la colonisation. Mais concernant la création d'Israel il insiste sur le rôle déterminant de la décision des USA de refuser les migrations non protestantes à partir de 1925. Date qui avec les effets de la seconde guerre mondiale et du refus occidental d'accepter les Juifs après la Shoah a rendu l'existence d'Israël inéluctable, fusse sur le dos des Arabes israéliens.
Shlomo Sand réfléchi en ce sens au rôle des situations comme déterminants historiques, que l'on a tendance à sous-estimer par rapport au rôle des idéologies. Ainsi ce n'est pas par hasard que les principaux acteurs du Hamas sont, ou ont été, des réfugiés de la "Nakba", la catastrophe de 1948 contre les Palestiniens qui n'ont jamais eu de droit au retour. Pour autant il ne cautionne pas la violence "émancipatrice" qui débouche généralement sur un nouvel autoritarisme. Quant à l'avenir Shlomo Sand pense qu'il n'y a pas d'autre solution qu'un état commun avec une citoyenneté pour tous et outes, telle qu'il l'écrit dans son dernier livre : "Deux peuples pour un état, relire l'histoire du sionisme" ( Ed. du Seuil).