Laura Raim est journaliste, actuellement co-réalisatrice à Arte de Les idées larges. Pour la première fois elle parle de sa judéité, ce qui a fatalement une relation avec Israël et à la Shoah, même si sa famille n'a pas été déportée. Surtout cette famille a joué un rôle important dans le destin d'Israël puisqu'elle comprend un des premiers acheteurs de terres arabes pour l'agence juive, le premier chef d'Etat-major sioniste en 1948, et ...Iszak Rabin en personne ! Toutes figures prestigieuses qui impressionnent Laura jusqu'à ce que par ses études, elle réalise leur part sombre et la réalité tragique du sort de Palestiniens qui confirmait que contrairement à ce qu'on lui avait dit les Palestiniens n'étaient pas partis d'eux-mêmes lors de la naissance d'Israël en 1948, mais en bonne partie chassés, parfois à coup de massacres.
Laura revient sur son enfance et le bonheur qu'elle a vécu avec ses cousins dans un kibboutz durant la période socialiste, où il y a avait effectivement beaucoup de partage, à l'intérieur. Mais cela a dégénéré vers de plus en plus de chacun pour soi, et comme un retour de balancier de plus en plus égoïste, et matérialiste, voire capitaliste ..; Quant aux Palestiniens ses cousins et parents préfèrent ne pas en parler, cela les gêne, ou alors ils considèrent qu'ils n'ont pas le choix, que critiquer Israël serait mettre en cause sa garantie de sécurité, toujours sensible depuis la Shoah. Ils et elles ne comprennent pas pourquoi Laura fait des reportages avec des Palestiniens avec des personnalités palestiniennes vues comme des terroristes, des nazis même ...
Elle évoque le dialogue avec ses cousins qu'elle aime et qui sont charmants dans la vie quotidienne avec les proches, mais pas moyens de voir l'occupation et la colonisation comme sources du problème. Etant plutôt parmi les Israélien.es démocrates iels regrettent les malheurs palestiniens, mais ne se sentent pas concernés, la faute étant à leur yeux celle des terroristes, du Hamas en l'occurrence, et des antisémites qui sont tous les gens qui critiquent leur pays.
A propos d'antisémitisme Laura n'aime pas s'exprimer en ce moment propice aux instrumentalisations, et elle ne hurle pas contre les loups contre LFI tout en regrettant les "maladresses". Pour autant elle pense qu'il y a bien quelque chose qui peut être de l'ordre de la minimisation de l'antisémitisme à gauche et à l'extrême-gauche. La question de l'antisémitisme historique est d'ailleurs à ses yeux une des raisons de la difficultés de faire accepter ce qui est théoriquement la meilleurs solution du problème israélo-palestinien: un état commun pour deux nations, avec une citoyenneté égale