"Loyautés radicales, l'islam et les "mauvais garçons" de la nation", ( éd. La Découverte), est le dernier livre du sociologue Fabien Truong dont il nous parle. Bien qu'il ait perdu un ami lors du drame du Bataclan en 2015 il essaye d'observer objectivement l'itinéraire de certains habitants de Grigny qui furent proches d'Amédy Coulibaly avant le drame. On comprend ainsi que la familiarisation de la violence que ce dernier a poussé à son extrême est plus le fruit d'une absence de socialisation, d'une familiarisation avec la criminalité et la mort, que d'un texte ou d'une vidéo idéologiques, qui auraient subitement exercé une fascination. On voit également que si l'Islam peut être brandi au cours d'une fuite en avant meurtrière, il peut tout aussi bien signifier une transformation morale et stabilisante lors de ce que l'auteur appelle la "reconversion". On comprend surtout qu'il y a un énorme gaspillage humain de la part de notre société à ne pas chercher à dialoguer davantage directement avec ses propres "marges"...