La Grave, sanctuaire pour l’alpinisme dans le massif des écrins, est un village administrativement et géographiquement enclavé entre l’Isère et les Hautes Alpes, ni chez l’un, ni chez l’autre. Mais bien chez lui. Car le village de la Grave, de part sa singularité géographique et des aléas de l’histoire, a connu un développement plus doux du tourisme d'hiver, bien différent de ces voisins (domaine skiable de Serre Chevalier d'un côté et des deux-Alpes et de l'Alpes d'Huez de l'autre). C’est cette singularité que le collectif « La Grave Autrement » souhaite préserver.
Car La Grave est aujourd’hui dans le radar d’un grand projet de développement à la vision classique, arriérée et déconnectée de toute pertinence économique et géographique. Un projet hors sol et hors du temps. Bref, un grand projet inutile. Le projet consiste à relier les domaines skiables des Deux-Alpes, de l'Alpe d'Huez et de la Grave pour en faire un maxi domaine skiable, ce qui entraînerait notamment la construction d'un troisième tronçon de téléphérique sur le domaine de la Grave, troisième tronçon qui sera en plein milieu du glacier de la Girose.
Ce collectif conteste l'utilité économique et la pertinence territoriale de ce projet. Leur volonté, c'est de regarder "autrement" ce village et le champs des possibles pour son développement, hors des circuits classiques du tourisme de masse du temps de l’or blanc. D'imaginer la métamorphose de ce lieu, de manière incarnée, avec lucidité et courage face à la réalité des fortes modifications climatiques en cours.
Face aux glaciers de la Meije et du Rateau, arborant de leur cape glaciaire les cimes minérales de ce grands massif montagnard, entre les forêts de mélèzes et les pâturages, nous avons rencontrer cinq membres de ce collectif : Thierry, Nastassaja, Aurelien, Nils et Marion. Illes nous racontent leur village et son histoire, ce grand projet inutile et les raisons de leur opposition ainsi que leur idée pour le futur de ce village singulier.