Suite à la publication du rapport Duclert sur les archives françaises concernant la France au Rwanda, le chercheur belge Filip Reyntjens donne son point de vue. Il estime comme le rapport que l’on peut parler de faillite de la France au Rwanda et d'aveuglement à propos de l'incapacité à voir venir et prévenir le génocide. La France, a été trop complaisante envers l'ancien régime, et le rapport montre bien la personnalisation du pouvoir donc la responsabilité de François Mitterrand. Il estime cependant que l'on ne peut parler de complicité, même s’il ne se place pas sur un terrain judiciaire. Reyntjens qui fut un des rares à avertir publiquement, les années précédents le drame, des violences qui avaient lieu sous l'ancien régime, souligne que la venue du génocide n'était pas inéluctable. Durant la coopération de la France au Rwanda une démocratisation permettant une cohabitation avec l'opposition et des négociations avec cette dernière et la guérilla tutsi, ont bien eut lieu pour un partage du pouvoir. Ceci avait débouché sur les accords d’Arusha qui pouvaient être une solution à la guerre sévissant alors et favoriser une sortie de crise. Mais la polarisation politique et l'assassinat du président hutu par l'armée tutsi dans le pays voisin, le Burundi, ont gravement « plombé" cette hypothèse, avant que l'attentat contre le président rwandais ne débouche sur le pire. Reyntjens estime qu’au regard de cette complexité le rapport a tendance a idéaliser la guérilla tutsi qui a sa part de responsabilité dans les violences. Le paradoxe étant qu’aujourd’hui le rapport Duclert va servir au président Macron à se rapprocher du Rwanda du général Kagamé, qui n'a rien à envier à la nature dictatoriale et ethniste de l'ancien régime ... 35'