L'historien Dominique Vidal nous présente le numéro de la revue Confluence intitulé Israël: Contradiction d'une démocratie coloniale. L'originalité de cette approche consiste à s'intéresser aux contradictions des sociétés concernées et pas seulement au conflit de l'occupation. Les contradictions Juifs/Arabes, laïcs/religieux, riches et pauvres, etc.
Un article de cet ouvrage collectif rappelle qu'une partie importante des rescapés de la Shoah, dont l'histoire sert à légitimer Israël, est abandonnée par le gouvernement à une grande pauvreté. De même,l'histoire est manipulée au point où Netanyahou a prétendu que c'est le mufti de Jérusalem qui avait soufflé à Hitler l'idée de brûler les Juifs, alors qu'à la période en question, des milliers de Juifs étaient déjà tués en zone soviétique et que des dizaines de milliers de Palestiniens se sont engagés du côté des Alliés. L'instrumentalisation de la Shoah n'a d'ailleurs d'égale que la méconnaissance de ses mécanismes et des liens qui peuvent être faits avec les autres drames universels.
Par ailleurs la Nakba, ou "catastrophe" palestinienne, soit l'expulsion des centaines de milliers de Palestinien·nes depuis la création d'Israel, est désormais reconnue, mais jugée nécessaire à la survie d’Israël, ce qui est autre forme de déni. D'autres chapitres de la revue Confluence sont évoqués, tel le rôle des religieux dans l'armée qui est nouveau et pèse dans l'inertie de la colonisation. Mais il y a également un courant d'opinion israélien très important qui pousse à une laïcisation de l'Etat. Ces données et d'autres dans les domaines les plus divers tel le cinéma font de cet ouvrage un nouvel apport fort utile à la connaissance de la question israélo-palestinienne.