Olivier Roy , spécialiste connu du Moyen Orient revient sur l'affaire Rushdie juste après l'agression au couteau dont a été victime l'écrivain anglo-américain d'origine indienne le 12 août à NY.
Sur l'événement lui-même, la question est de savoir à quel point l'acte du jeune agresseur américain d'origine libanaise est personnel ou non.
Mais sur le fond de l'affaire malheureusement, nombre d'esprits faibles détestent Rushdie sans avoir lu le livre qui fâche : Les Versets sataniques. De même nombre de gens qui s'expriment sur le sujet connaissent mal le contexte de la Fatwa assassine prononcée par l'ayatollah Khomeini en 1989.
Les motivations iraniennes étaient avant tout politiques nous rappelle Olivier Royer, il s'agissait de reprendre la main sur l'opinion musulmane internationale à un moment où la guerre Iran-Irak avait douché les espoirs révolutionnaires et humilié les Iraniens alors qu'ils avaient espéré auparavant convaincre les populations arabes de les rejoindre. De même, la rivalité Iran-Arabie saoudite sur le contrôle de la Mecque a joué un rôle. Une fois certaines opinions enflammées, la machine a pris sa propre dynamique et Rushdie s'est trouvé pris dans cet engrenage alors qu'il n'est pas anti Islam primaire, il lui est même arrivé de défendre la cause des musulmans au Cachemire par ex, voire d'avoir eu un prix en Iran avant la Fatwa ! Et outre le danger, son grand regret est d'être célèbre à cause de sa situation plus que son art ...
Olivier Roy évoque également le rôle dominant des conservateurs iraniens et du contexte international qui, depuis Trump, puis la guerre en Ukraine, font le jeu des conservateurs en Iran.
Un contexte international qui s'atomise, où les puissances régionales jouent de plus en plus leurs propres cartes, ce qui rend difficile une vue générale ... Le regard de Roy a cependant le mérite d'apporter un éclairage analytique là où les réactions sont souvent épidermiques ...