Nous commençons par interviewer le spécialiste du cinéma Bamchade Pourvali sur le rôle du cinéma iranien, à la fois reflet et stimulant de la société. Ce n'est pas par hasard que peu avant le soulèvement de septembre 2022 des cinéastes iraniens reconnus ont été emprisonnés, en partie pour s'être solidarisés avec les victimes d'un immeuble à Abadan en mai dernier, drame engendré par la corruption.
Notre interlocuteur revient également sur d'autres insurrection iraniennes depuis celle qui a fondé la république islamique actuelle en 1979, où dès le début, des femmes révolutionnaires se sont heurtées au nouveau régime après s'être révoltées contre le Chah. Car il ne faut pas oublier qu'avant être devenu obligatoire, le voile avait été interdit en Iran, la question étant moins le voile, ou tchador, lui-même que la liberté de choix, et surtout tout l'arsenal de lois et traditions qui infériorise la femme
Mais il y a une tradition de luttes féminines en Iran, qui remonte au moins au début du XXème siècle et qui resurgit régulièrement. Quant à l'insurrection actuelle, Bamchade Pourvali en évoque les parallèles et les différences avec celles de 2009, et 2017-19, tout en se disant lui aussi surpris de l'ampleur, de la radicalité et de la jeunesse du mouvement actuel, sans leader apparent de surcroît.
Reste qu'on ne sait pas ce qui se joue au sein du pouvoir, alors que le guide Ali Khamenei est sur la fin, et que même si il y a déjà probablement 200 morts, tout l'appareil de répression n'a pas encore été déployé, les gardiens de la révolution n'ont pas été lâchés jusqu'à présent. Quoi qu'il en soit il y aura un avant et un après ... Bamchade Pourval est également co-auteur d'un ouvrage récent : La République Islamique d'Iran en crise systémique. ( éd. de l'Harmattan).