Alors que l'on voit avec inquiétude l'autocratisme du président tunisien Kaïs Saïed se renforcer, l'article du Monde Diplomatique de septembre 2002 de Thierry Brésillon a le mérite de chercher les mouvements de fond. On comprend a l'écouter comment le système démocratique libéral qui a succédé au renversement du dictateur Ben Ali, a abandonné les exclus pour une cogestion brinquebalante entre anciennes forces politiques furent elles antagoniques auparavant.
Pendant ce temps une stratégie de la tension a probablement eut lieu à travers les attentats qui aboutirent à la criminalisation des islamistes gestionnaires de Ennahda. Les commanditaires pouvant être aussi bien les extrémistes islamistes que de puissants privilégiés machiavéliques.
Il y a un profond clivage social et politique autour des inégalités structurelles et régionales derrière le clivage idéologique laïcs/Islamistes qui a souvent été mis en avant.
Quant à Kaïs Saied selon Thierry Brésillon il est aujourd'hui dans une fuite en avant de pouvoir mais cela cache un manque d'autorité. La police est toujours une force qui lui échappe et qui fait le jeu de différents clans et qui s'est rendue intouchable au nom de la lutte anti-terroriste. Et cette police est aujourd'hui en train de prendre sa revanche contre les rebelles politisés ou non qui étaient dans la rue au début du printemps arabe. Sans oublier au passage que ce système fait tout pour enterrer les dossiers de répression et de corruption issus de la période dictatoriale, n'en déplaise aux institutions historiques que sont la LDH et l'UGTT qui composent ou sont en proie à des instrumentalisations...
Reste que le mécontentement social est ascendant et que le pays en grande difficulté financière est en négociation délicate avec le FMI. De nouvelles révoltes d'un côté, voire un coup d'état, cette fois militaire, ne sont pas à exclure.