A l'occasion de la sortie du film "La (très) grande évasion", réalisé par Yannick Kergoat en complicité avec Denis Robert nous interviewons ce dernier de passage à Forcalquier. Ce film est plus qu'un docmentaire nous dit-il, il est fondamentalement politique, tant il montre bien comment l'affaiblissement de l'Etat social est proportionnel au renforcement des privilèges grâce à l'évasion fiscale, comment le discrédit des élites politiques doit beaucoup à l'adoption de politiques libérales favorables aux plus riches, et comment tout cela a de quoi nourrir la rancoeur populaire.
Ce film représente cinq ans de travail pour remonter le fil de l'histoire des rapports entre politique et finances internationales depuis la crise des subprimes en 2008. Après quoi les fonds publics ayant tellement contribué à renflouer les banques il fallut bien en échange faire des promesses contre la fin des paradis fiscaux, mais vite abandonnées ou contournées, avant que des nouvelles promesses politiques ne succèdent aux révélations des Panama Papers, de l'affaire Cahuzac et autre scandale luxembourgeois dûs à des lanceurs d'alerte, ou des enquêtes judiciaires et journalistiques.
Finalement quelques mesures ont été prises, mais elles continuent d'être plus ou moins contournées, notamment par ce qu'on appelle l'optimisation fiscale. Même s'il ne changera pas l'histoire ce film est démystifiant, et plein d'infos, et il souligne les contradictions et les propos caricaturaux de certains dirigeants politiques qui en deviennent parfois comiques ...
Nous évoquons également Blast avec notre interlocuteur, le journal en ligne qu'il dirige, avec une équipe d'une quarantaine de personnes, 20 000 abonnés, et un tas d'enquêtes vidéos sur les sujets les plus divers, avec ce ton critique et espiègle qui ne gâche rien à la lutte anti-capitaliste ...