Le tremblement de terre qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février dernier a dévasté une zone de plus de 20 000km². Selon l'Organisation mondiale de la Santé, il s’agit de "la pire catastrophe naturelle en un siècle en Europe". Il a tué au moins 46 000 personnes et fait 105 000 blessés en Turquie, selon des bilans incomplets. Au delà de cette catastrophe naturelle, ce qui a provoqué autant de destructions et de morts est l’état déplorable de nombreux bâtiments, souvent construits récemment, en bafouant toutes les normes anti-sismiques. Cela a fait partie d’une frénésie de construction et de métropolisation qui a marque le pays ces vingt dernières années, encouragée par l’AKP, le parti de la justice et du développement du président Recep Tayyip Erdogan. Lors d’un récent voyage à Istanbul fin mars nous avons pu échanger avec Asli Odman, enseignant à l’université Mimar Sinan et spécialiste des questions d’urbanisme. Suite au séisme, elle s’est rapidement rendue sur place comme bénévole. Un entretien enregistré à Istanbul avec Asli Odman, professeur à d'université spécialisé dans les questions d'urbanisme.