Quand on lui dit qu'il est une des plus belles têtes de tueur du cinéma, Slimane Dazi s'indigne, non, il a joué des tas d'autres rôles, des pères ou des frères notamment. Certes, Latrache, le truand marseillais qu'il joua dans Un prophète, l'a propulsé, et dans Le Caire confidentiel il arrive a faire peur sans dire un mot, mais il n'en aime pas moins la diversité des situations comme dans la vie
Et sa vie il la raconte dans Indigène de la nation ( Ed. Don Quichotte). Cela commence par Les derniers Parisiens, ce film où l'on voit que les vrais Parisiens ne sont pas toujours ceux qu'ont croit, puis très vite une histoire abracadabrandeste apparaît : pour être né en France juste avant l'indépendance algérienne Slimane devra se colleter un mur de paperasses, pudiquement appelé "demande de réintégration à la nationalité française" alors que ses proches nés après 1963 ont le droit du sol ! Ce n'est pas la seule humiliation, il ne compte plus les entraves aux déplacements à cause de sa tête, et de son blaze pas gaulois. Esprit critique il n'hésite pas à dénoncer les fautes politiques françaises dans les cités, avec l'invasion de la drogue notamment. Et aujourd'hui il constate que son soutien aux droits des Palestiniens refroidit les boss du cinéma français, mais pas les sollicitations internationales heureusement ...
Slimane n'était pas destiné au cinéma au début, il fait 36 métiers 36 misères, comme il dit, après une scolarité avortée et parallèlement à un début de carrière footbalistique. Il a rencontré aussi l'amour fou, et l'amour "sage", y compris à travers les codes traditionnels. Le cinéma est arrivé sur le tard alors qu'il "ventousait" ( quand on organise des places libres pour la logistique d'un tournage). Son jeu d'acteur est aussi l'expression de son vécu. Il est également imprégné d'auteurs et amis extraordinaires tels que Abdel Afed Benotman ou Rachid Djaïdani, ce dernier l'ayant intégré dans le bouleversant Rengaine, une réalisation faite à petits pas au fil des ans et pleine d'impros inspirées.
Mais on ne vous dit pas tout, l'entretien est plein d'histoires et le livre mérite le détour ... 50'