Waan Yaat est le lieu où 10 Kanaks désarmés ont été sauvagement abattus le 5 décembre 1984. Par la suite les tueurs seront acquittés au nom d'une stupéfiante " légitime défense préméditée". Avec le drame d'Ouvéa en 1988 cela fait partie des traumas majeurs des Kanaks. A l'occasion de la projection du documentaire éponyme au Local à Forcalquier nous recevons Daniel Wea, du mouvement des Kanak en France, Mina Kherfi du syndicat USTKE, et Isabelle Merle, historienne spécialiste de la colonisation et de la Nouvelle-Calédonie, dans notre studio.
Les trois mettent les choses au point quant à la régression des relations entre la France et la Kanaky depuis le printemps 2024, dans la mesure où Emmanuel Macron n'a pas respecté l'esprit des accords co-signés par ses prédécesseurs depuis les années 80. Le président français est focalisé sur l'idée d'une France intégrée à un axe Indo-Pacifique face à la Chine, idée fixe pour laquelle il n'est pas question que la Nouvelle Calédonie obtienne un statut d'indépendance. Or les derniers votes sur la question montrent une évolution des scores favorables à l'indépendance qui avaient une chance de s'accroître encore si le dernier référendum avait eu lieu dans de bonnes conditions. Ce qui ne fut pas le cas à cause du covid et du refus du gouvernement de différer. Nos invités parlent de cela et de la révolte des jeunes au printemps derniers, suscitée par l'absence d'avenir sur place, par les inégalités criantes, et par la volonté arbitraire d'élargir le corps électoral en dépit des accords sur le statut définitif de la nouvelle Calédonie. Mais ils ont été traités comme des délinquants, sans considération envers la dimension politique de la révolte. Puis envoyés en prison préventive à 17.000 km en France ... L'entretien est clair et pédagogique pour celle et ceux qui prennent l'histoire en marche, on saisi bien la violence de la répression coloniale contre le peuple kanak, à nouveau en lutte pour sa dignité et sa liberté. Et cela nous concerne ...