Pour François Burgat, spécialiste du monde arabo-musulman, et co-auteur de "Pas de printemps pour la Syrie", la chute du régime de Assad le 8 décembre 2024 est liée à l'abandon du régime par l'Iran et la Russie au moment où Bachar se rapprochait des E.A.U., mais aussi au soutien de la Turquie. Et l'on oublie qu'elle était d'abord une réaction aux offensives du régime de Damas contre Idlib, le bastion de l'opposition. Des négociations entre les opposants du HTS et des contacts militaires et autres, de même que certaines pressions internationales ont favorisé ce renversement en douceur semble-t-il.
Les HTS puis le gouvernement provisoire adoptent un discours inclusif envers les minorités, même si l'on ne sait pas jusqu'où cela peut aller au niveau démocratique. D'autre part l'historique du groupe dominant HTS faisait dire à Burgat autres spécialistes qu'à l'époque d'Al-Nosra c'était une formation manipulée par le régime d'Assad contre les opposants au régime. Mais elle s'est ensuite autonomisée en se départissant publiquement de son côté sectaire et internationaliste. On ne peut prévoir la suite pour autant...
Notre interlocuteur évoque par ailleurs les forces kurdes, dont on connaît l'image séduisante à Rojava, mais qui ont un agenda différent de la révolution syrienne, voire contradictoire, d'autant que leur principaux dirigeants sont des cadres du PKK organisation kurde. Ce qui risque de favoriser les ingérences turques ... Même si en matière d'ingérence ce sont surtout les Israéliens qui se sont distingués en l'occurrence ...