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Le 21 mai 2025 10hQuelques nouvelles locales
Le refuge au village est en construction, au mois de novembre il doit accueillir ses premières personnes déplacées. Deux amis arrivent ce week-end d'Allemagne pour construire un poêle de masse dans la vieille maison retapée par nos ami·es de Louhansk qui y habitent déjà et sont de bonne humeur. C'est urgent que le poêle soit construit rapidement car les températures commencent à baisser.
En général, on n'observe guère d'arrivée de nouveaux réfugié·es, mais cela pourrait changer, avec l'arrivée du froid justement. Il y a toute une série de reconstructions dans la région pour en accueillir davantage pendant l'hiver, et les administrations scolaires sont avisées de se préparer à l'arrivée de milliers de réfugié·es. Actuellement, trois établissements scolaires de notre communauté de communes hébergent encore 58 réfugié·es, contre 800 au printemps dernier. Les gens qui restent sont les plus démunis, vieux, malades etc. Seules deux personnes parmi eux travaillent, dans une usine de câbles à Khoust.
Notre jeune verger (plus de 10ha de pommiers haute-tige, encore petits) a survécu à la plus grande sécheresse des dernières décennies. Mais ici aussi, la guerre se fait sentir. Plusieurs spécialistes qui nous aidaient dans ce projet ne sont plus disponibles. Notre ami expert des sols et un technicien d'embouteillage du coin sont au front, un agronome-pomologue est parti comme volontaire à Poltava. Il faut se débrouiller.
Peu importe, une bonne récolte de pommes s'annonce. Notre saison commence le 18 octobre et jusqu'au 12 novembre à peu près, nous allons produire le plus possible de jus et de cidre. Quant aux bouteilles, nous avons la chance d'avoir un stock suffisant, car c'est actuellement impossible d'en acheter. L'usine qui se trouvait à Hostomel (une banlieue de Kyiv) a été entièrement détruite au mois de mars.
Une des rares cidreries d'Ukraine, Berryland près de Kyiv, a été également été détruite en mars, l'entrepreneur et sa famille ont trouvé refuge en Slovaquie.
Information pas du tout locale mais proche, N., notre amie tatare de Russie, a réussi à aider son frère qui habite Moscou à quitter le pays avec le dernier vol possible vers Bichkek, capitale du Kirghizistan. Sa femme et les deux enfants doivent suivre. La perversité de la mobilisation Russe ne connaît pas de limites. Particulièrement révoltante est la mobilisation forcée des Tatares de Crimée. Il faut craindre le pire pour eux, suivant l'exemple du sort des recrutés du Donbass occupé, envoyé immédiatement au front comme chair à canon. Cela ne changera pas le cours de la guerre mais c'est une méthode supplémentaire pour terroriser des populations indociles.Quelques nouvelles locales
Le refuge au village est en construction, au mois de novembre il doit accueillir ses premières personnes déplacées. Deux amis arrivent ce week-end d'Allemagne pour construire un poêle de masse dans la vieille maison retapée par nos ami·es de Louhansk qui y habitent déjà et sont de bonne humeur. C'est urgent que le poêle soit construit rapidement car les températures commencent à baisser.
En général, on n'observe guère d'arrivée de nouveaux réfugié·es, mais cela pourrait changer, avec l'arrivée du froid justement. Il y a toute une série de reconstructions dans la région pour en accueillir davantage pendant l'hiver, et les administrations scolaires sont avisées de se préparer à l'arrivée de milliers de réfugié·es. Actuellement, trois établissements scolaires de notre communauté de communes hébergent encore 58 réfugié·es, contre 800 au printemps dernier. Les gens qui restent sont les plus démunis, vieux, malades etc. Seules deux personnes parmi eux travaillent, dans une usine de câbles à Khoust.
Notre jeune verger (plus de 10ha de pommiers haute-tige, encore petits) a survécu à la plus grande sécheresse des dernières décennies. Mais ici aussi, la guerre se fait sentir. Plusieurs spécialistes qui nous aidaient dans ce projet ne sont plus disponibles. Notre ami expert des sols et un technicien d'embouteillage du coin sont au front, un agronome-pomologue est parti comme volontaire à Poltava. Il faut se débrouiller.
Peu importe, une bonne récolte de pommes s'annonce. Notre saison commence le 18 octobre et jusqu'au 12 novembre à peu près, nous allons produire le plus possible de jus et de cidre. Quant aux bouteilles, nous avons la chance d'avoir un stock suffisant, car c'est actuellement impossible d'en acheter. L'usine qui se trouvait à Hostomel (une banlieue de Kyiv) a été entièrement détruite au mois de mars.
Une des rares cidreries d'Ukraine, Berryland près de Kyiv, a été également été détruite en mars, l'entrepreneur et sa famille ont trouvé refuge en Slovaquie.
Information pas du tout locale mais proche, N., notre amie tatare de Russie, a réussi à aider son frère qui habite Moscou à quitter le pays avec le dernier vol possible vers Bichkek, capitale du Kirghizistan. Sa femme et les deux enfants doivent suivre. La perversité de la mobilisation Russe ne connaît pas de limites. Particulièrement révoltante est la mobilisation forcée des Tatares de Crimée. Il faut craindre le pire pour eux, suivant l'exemple du sort des recrutés du Donbass occupé, envoyé immédiatement au front comme chair à canon. Cela ne changera pas le cours de la guerre mais c'est une méthode supplémentaire pour terroriser des populations indociles.Quelques nouvelles locales
Le refuge au village est en construction, au mois de novembre il doit accueillir ses premières personnes déplacées. Deux amis arrivent ce week-end d'Allemagne pour construire un poêle de masse dans la vieille maison retapée par nos ami·es de Louhansk qui y habitent déjà et sont de bonne humeur. C'est urgent que le poêle soit construit rapidement car les températures commencent à baisser.
En général, on n'observe guère d'arrivée de nouveaux réfugié·es, mais cela pourrait changer, avec l'arrivée du froid justement. Il y a toute une série de reconstructions dans la région pour en accueillir davantage pendant l'hiver, et les administrations scolaires sont avisées de se préparer à l'arrivée de milliers de réfugié·es. Actuellement, trois établissements scolaires de notre communauté de communes hébergent encore 58 réfugié·es, contre 800 au printemps dernier. Les gens qui restent sont les plus démunis, vieux, malades etc. Seules deux personnes parmi eux travaillent, dans une usine de câbles à Khoust.
Notre jeune verger (plus de 10ha de pommiers haute-tige, encore petits) a survécu à la plus grande sécheresse des dernières décennies. Mais ici aussi, la guerre se fait sentir. Plusieurs spécialistes qui nous aidaient dans ce projet ne sont plus disponibles. Notre ami expert des sols et un technicien d'embouteillage du coin sont au front, un agronome-pomologue est parti comme volontaire à Poltava. Il faut se débrouiller.
Peu importe, une bonne récolte de pommes s'annonce. Notre saison commence le 18 octobre et jusqu'au 12 novembre à peu près, nous allons produire le plus possible de jus et de cidre. Quant aux bouteilles, nous avons la chance d'avoir un stock suffisant, car c'est actuellement impossible d'en acheter. L'usine qui se trouvait à Hostomel (une banlieue de Kyiv) a été entièrement détruite au mois de mars.
Une des rares cidreries d'Ukraine, Berryland près de Kyiv, a été également été détruite en mars, l'entrepreneur et sa famille ont trouvé refuge en Slovaquie.
Information pas du tout locale mais proche, N., notre amie tatare de Russie, a réussi à aider son frère qui habite Moscou à quitter le pays avec le dernier vol possible vers Bichkek, capitale du Kirghizistan. Sa femme et les deux enfants doivent suivre. La perversité de la mobilisation Russe ne connaît pas de limites. Particulièrement révoltante est la mobilisation forcée des Tatares de Crimée. Il faut craindre le pire pour eux, suivant l'exemple du sort des recrutés du Donbass occupé, envoyé immédiatement au front comme chair à canon. Cela ne changera pas le cours de la guerre mais c'est une méthode supplémentaire pour terroriser des populations indociles.Le 30 mai 2025Bulletins d'infos de nos amis en Transcarpatie, la région la plus à l'ouest de l'Ukraine, à la frontière de la Pologne, Slovaquie, Hongrie et Roumanie
7 mois et demi
Salut chères ami·es, proches et lointain·es,
Après une longue pause, voici une autre lettre d'Ukraine, en guerre depuis 7 mois et demi.
C'est une drôle de vie.
Quelques nouvelles locales
Le refuge au village est en construction, au mois de novembre il doit accueillir ses premières personnes déplacées. Deux amis arrivent ce week-end d'Allemagne pour construire un poêle de masse dans la vieille maison retapée par nos ami·es de Louhansk qui y habitent déjà et sont de bonne humeur. C'est urgent que le poêle soit construit rapidement car les températures commencent à baisser.
En général, on n'observe guère d'arrivée de nouveaux réfugié·es, mais cela pourrait changer, avec l'arrivée du froid justement. Il y a toute une série de reconstructions dans la région pour en accueillir davantage pendant l'hiver, et les administrations scolaires sont avisées de se préparer à l'arrivée de milliers de réfugié·es. Actuellement, trois établissements scolaires de notre communauté de communes hébergent encore 58 réfugié·es, contre 800 au printemps dernier. Les gens qui restent sont les plus démunis, vieux, malades etc. Seules deux personnes parmi eux travaillent, dans une usine de câbles à Khoust.
Notre jeune verger (plus de 10ha de pommiers haute-tige, encore petits) a survécu à la plus grande sécheresse des dernières décennies. Mais ici aussi, la guerre se fait sentir. Plusieurs spécialistes qui nous aidaient dans ce projet ne sont plus disponibles. Notre ami expert des sols et un technicien d'embouteillage du coin sont au front, un agronome-pomologue est parti comme volontaire à Poltava. Il faut se débrouiller.
Peu importe, une bonne récolte de pommes s'annonce. Notre saison commence le 18 octobre et jusqu'au 12 novembre à peu près, nous allons produire le plus possible de jus et de cidre. Quant aux bouteilles, nous avons la chance d'avoir un stock suffisant, car c'est actuellement impossible d'en acheter. L'usine qui se trouvait à Hostomel (une banlieue de Kyiv) a été entièrement détruite au mois de mars.
Une des rares cidreries d'Ukraine, Berryland près de Kyiv, a été également été détruite en mars, l'entrepreneur et sa famille ont trouvé refuge en Slovaquie.
Information pas du tout locale mais proche, N., notre amie tatare de Russie, a réussi à aider son frère qui habite Moscou à quitter le pays avec le dernier vol possible vers Bichkek, capitale du Kirghizistan. Sa femme et les deux enfants doivent suivre. La perversité de la mobilisation Russe ne connaît pas de limites. Particulièrement révoltante est la mobilisation forcée des Tatares de Crimée. Il faut craindre le pire pour eux, suivant l'exemple du sort des recrutés du Donbass occupé, envoyé immédiatement au front comme chair à canon. Cela ne changera pas le cours de la guerre mais c'est une méthode supplémentaire pour terroriser des populations indociles.
Les médias internationaux ont pris note...
… de l'avancée de l'armée ukrainienne dans les régions de Kharkiv (Izioum, Koupiansk, Lyman), et plus récemment encore à Kherson et dans la région région de Louhansk, de la libération de 215 prisonnier·es de guerre ukrainien·nes, cette fois-ci assez favorable à l'Ukraine qui a réussi à monnayer à très bon prix l'oligarque le plus détesté du pays, Victor Medvedtchouk, et de la "mobilisation partielle" en Russie qui provoque l'exode de plusieurs centaines de milliers d'hommes et de familles entières de la Fédération Russe, surtout vers l'Asie centrale. Par contre, il semble que les massacres des civil·es par des tirs de missiles délibérés suscitent de moins en moins l'attention des médias occidentaux, tout comme les récits sur la torture et les exécutions sommaires pendant l'occupation, dans les territoires récemment libérés. À l'Est, rien de nouveau?
Et encore…
Poutine et de ses acolytes menacent d'utiliser l'arme nucléaire ici en Ukraine, et nos médias donnent des conseils sur comment se comporter dans ce cas-là. Or il me semble que nous sommes trop occupé·es pour y prêter attention. En plus, nos gens aiment l'humour noir. En cas d'une explosion atomique, disait un ami hier, il ne suivra pas les instructions de se coucher à terre ou de se cacher dans un abri. Au contraire il se tiendra bien droit et regardera en face le champignon nucléaire pour bien profiter du spectacle avant de mourir de toute façon. Quel privilège!
Notre ami défenseur des droits humains, Maksym Butkevych, est emprisonné depuis plus de trois mois. Début septembre, on lui a enfin permis d'appeler ses parents pendant quelques minutes. Les militaires russes sont en train de monter contre lui une procédure criminelle dont il ne connaît pas les détails. Il a appris qu'ils voudraient l'échanger contre l'un de leurs officiers, capturé pendant l'offensive russe vers Kyiv au début de la guerre. Au téléphone, Maksym disait qu'il ne se plaignait de rien, ce qui ne veut pas dire grande chose évidemment, mais au moins il est vivant et ses proches ont retrouvé un peu d'espoir. A l'instant, j'apprends qu'une amie à Berlin a eu l'occasion de parler de Maksym au président allemand Frank-Walter Steinmeier et il semble que celui-ci veuille prendre l'initiative pour sa libération. Toutes les initiatives du réseau de solidarité se font en concertation avec les parents et les proches.
Le chef du renseignement militaire de l'Ukraine, Kyrylo Boudanov a récemment informé qu'un échange de "tous contre tous" serait en négociation. La libération de 215 soldats Ukrainiens fin septembre a suscité une vague d'enthousiasme dans le pays, peut-être même plus que la libération des territoires occupés dans le Nord-Est. C'était d'autant plus important que beaucoup avaient ressenti l'emprisonnement des défenseurs d'Azovstal comme une trahison du sommet de l’État. Je n'ai pas trouvé d'informations fiables sur le nombre d'otages ukrainiens actuel.
Et encore à ce sujet, avez-vous vu ce militaire libéré, tout maigre et avec le bras droit nettement plus court que l'autre? Alors imaginez que ce type, dans le civil, est musicien, il joue de la guitare basse, et il est d'un optimisme indécrottable. Il y a vraiment beaucoup de gens ici qui donnent du courage et de la confiance en l'avenir de l'humanité.
Au front et dans les territoires libérés
Pour comprendre ce qui se passe au front, il s'avère que les blogueurs russes sont nettement plus rapides et loquaces que les sources ukrainiennes. Aussi ça devient rigolo de regarder les extraits des talkshows russes. Mise à part l'hystérie habituelle "Massacrons les tous!", on voit qu'iels perdent petit à petit leur contenance: "Ou sont nos tanks? Ou était notre aviation?!" et "Il faut envoyer tous ces généraux incapables, pieds-nus au front!"
Est-ce qu'un jour ces gens vont se retrouver devant un tribunal, comme les fanatiques de la Radio des 1000 Collines du Rwanda?
Il n'y a pas que le front. Les massacres de civil·es continuent sans cesse. Un ami qui travaille pour une organisation de soutien aux réfugié·es à l'Est a été particulièrement révolté par le tir de plusieurs missiles sol-air (!) sur un convoi humanitaire près de Zaporijjia, qui a tué plus de 30 personnes et blessé un grand nombre de civil·es. Ce qui est commun à ces tirs de missiles, c'est qu'ils n'apportent strictement rien à l'occupant en terme militaires, le seul but étant de terroriser la population.
Nous avons plusieurs ami·es qui enquêtent dans les territoires récemment libérés et rassemblent les témoignages sur les tortures, les assassinats, les viols, les vols etc. Le photographe Sasha Glyadyelov revient de l'est de Kharkiv. Il a été choqué par la quantité de matériel militaire abandonné, par le paysage rempli d'objets dangereux, et par toutes les destructions.
Le social
La Hryvna a perdu 30 % de sa valeur depuis le début de la guerre, mais ni les salaires ni les retraites n'ont suivi, sans parler des gens qui vivent de l'aide sociale de l'État. Au moins, les stations d'essence sont constamment fournies et le prix des carburants reste stable, environ 1€20. L'État survit grâce au soutien de l'Occident et du FMI. Les ami·es dans les administrations racontent que c'est le chaos. Dans l'enseignement, par exemple, l'argent alloué depuis des mois n'arrive tout simplement pas. La guerre dévore toutes les ressources, pourtant là aussi, l'État ne couvre pas, et de loin, tous les besoins. Actuellement, les volontaires collectent notamment pour acheter des vêtements chauds pour l'armée. Il y a d'innombrables initiatives de soutien, et il n'y aucun doute que ce n'est que grâce à elles que l'Ukraine a réussi à résister ces 7 derniers mois. Parmi les résultats des plus spectaculaires, l'un des grands fonds privés a récemment acheté un satellite turc qui permet de plus facilement discerner les positions adverses. Un blogueur collecte, à la demande de ses ami·es au front, pour l'achat de deux containers frigorifiques pour y entreposer les mort·es au combat, information ahurissante.
Dans un prochain message je vous écrirais un peu plus sur le travail fabuleux de nos amies du Comité d'Aide Médicale Transcarpatie à Oujhorod. Elles ouvrent prochainement deux centres d'accueil pour personnes déplacées dans la région, dont un plus spécialement pour des personnes handicapées. Et elles ont distribué des centaines de tonnes d'aide humanitaire et d'immenses quantités de médicaments aux structures médicales dans toutes les régions du pays. Or, tout ça se fait sans le moindre contact avec les autorités de la région, déduisez-en ce que vous voulez. Peut-être faut-il aussi que j'écrive sur la vie hors de la guerre. Il y a, pas de surprise, du bon et du mauvais: la réforme de la Justice qui fait des pas timides mais très importants, la destruction du Code du travail, absurde à mes yeux, la corruption à tous les niveaux, malgré la guerre, et la concentration du pouvoir, notamment dans le domaine énergétique, par la clique du chef de l'administration de Zelensky. Il y aura, après cette guerre, de nouveaux super-riches dans ce pays. Pourtant je reste optimiste et compte sur tous ces gens qui ne se laisserons pas abuser.
Une des innombrables initiatives
Au centre de la ville de Poltava (sud-est de Kyiv), une initiative locale a défriché une ancienne jardinerie municipale (0,6ha) pour la transformer en potager pour les personnes déplacées. S'y sont associé de nombreux volontaires et d'ores et déjà, des légumes ont été récoltés et distribués dans les centre d'accueil pour réfugié·es. La saison va vers sa fin, bien sûr, mais pour l'année prochaine, les volontaires sont bien motivés d'en faire plus. Poltava est une région très fertile avec des sols fabuleux. S'y trouvent des dizaines de milliers de réfugié·es. Prochainement nous allons nous remettre en route pour rencontrer différentes initiatives au centre et à l'est de l'Ukraine.Bientôt 6 mois
Bonjour cari amici
Avec Hudaki nous avons donné un concert de solidarité à Kyiv et je me trouve actuellement dans le train, de retour de Dnipro, en compagnie d'un jeune militaire sous contrat de l'infanterie, il va à l'enterrement de l'officier de son unité, mort au mois de mars déjà, pendant la bataille dans l'oblast de Kyiv. Il a fallu 3 mois pour établir son identité à l'aide d'analyse génétique du corps. Le jeune gars est de bonne humeur, mais dit aussi que les pertes sont bien plus élevées que ce que disent les statistiques officielles.
Ambiances
En voyage à Kyiv, Jytomyr, Poltava, Dnipro, on peut oublier les analyses brillantes des expert·es de tout bord et sentir, à travers le regard et les attitudes des gens, où en est l'Ukraine après bientôt six mois de guerre. Sur la route je croise des minibus avec marqué dessus en grandes lettres « 200 », ce qui signifie transport de soldat·es mort·es au combat. Je vois aussi les tombes récentes, près de la route, avec le drapeau bleu et jaune flottant au-dessus.
Les destructions, nous en avons surtout vues près de Kyiv. Mais je vois aussi tous ces gens bien vivants et j'entends leurs voix, j'écoute les récits des ami·es, et je sens une détermination sans faille. Jamais ces barbares ne vaincront cette volonté d'émancipation. Ce que me confirme l'ami Sasha Glyadyelov, photographe, il voyage beaucoup et rencontre beaucoup de gens. Récemment, il a passé quelques jours à Kharkiv. Ses ami·es y sont furieux/ses des dégâts et des victimes causé·es par les Russes, mais iels en rigolent aussi en disant « qu'est-ce qu'ils viennent faire ici, ne savent-ils donc pas qu'ici nous sommes tous cinglé·es, impossible de nous occuper ! ».
A Kharkiv aussi, beaucoup d'intellectuel·les et d'artistes ont rejoint la défense territoriale. Pendant que les Russes continuent à bombarder les quartiers Nord-Est, au centre-ville, on reconstruit, les zones vertes sont fleuries et un artiste bien connu pour ses graffitis est appelé à reconstituer ce qui a été endommagé par des obus.
Et je vois les champs dans ces vastes paysages, quelquefois j'aperçois déjà la terre de couleur noire-anthracite, nue après les moissons. La récolte sera bonne et l'Ukraine aura à manger. Ce n'est pas l'agriculture que nous prônons, mais en l'occurrence ces immenses champs de tournesol, de maïs et de céréales (en partie déjà moissonnés) vont nourrir le pays et pas seulement le nôtre, si l'exportation devient possible. Tout au contraire de la Transcarpatie, terriblement desséchée, les plaines céréalières de l'Ukraine ont bénéficié d'un climat presque idéal cette année.
Les villes sont un peu étranges. Le couvre-feu de 23h à 5h rythme la vie, et c'est nettement plus calme que d'habitude, même dans la journée, il n'y a pas ou peu de bouchons, les gens sont sérieux, rarement souriants, les attitudes sont très différentes de l'avant-guerre, difficile d'expliquer. Peut-être en disant qu'il y a moins d'égoïsme sauvage.
Les magasins sont pleins de toutes sortes de produits. La crise des carburants est plus ou moins dépassée, on peut faire le plein, et les prix sont fixés, 1,46€ le litre de gasoil.
Pour finir, encore un commentaire de Glyadyelov sur la corruption, voire (à mon avis) la haute trahison de l'administration militaire de Transcarpatie : il dit que pour toute l'Ukraine, les bureaux de recrutement de notre oblast sont devenus synonymes d'abus et de corruption. Il se moque doucement en me faisant remarquer que la Transcarpatie, en termes de corruption, semble inguérissable.
Dnipro
J'étais à Dnipro hier et aujourd'hui pour me faire une image du travail de nos partenaires des « Anges du Sauvetage ». Depuis le début de la guerre, iels évacuent 50 à 200 personnes par jour des zones dangereuses. Et iels distribuent de grosses quantités d'aliments et autres produits de première nécessité. Celles et ceux qui en ont besoin contactent leur call-center (je l'ai vu) qui reçoit jusqu'à 2000 appels par jour. L'association NeSTU (Réseau Suisse-Transcarpatie Ukraine) les a soutenu et va continuer à le faire. Je leur apporté une des deux voitures (Mercedes Vito, neuf places) que la mairie de Bâle nous a offert pour le travail humanitaire. Les « Anges » utilisent déjà plusieurs de nos véhicules pour l'évacuation et la distribution d'aide humanitaire. Leur engagement et l'envergure de leur travail m'ont carrément impressionné. Dima, le fondateur de cette initiative de plus de 60 volontaires ne se lasse pas de répéter que les voitures que nous leur avons données ont sauvé de nombreuses vies humaines. L'organisation se dote actuellement de structures plus professionnelles, ce qui est nécessaire pour travailler avec des fondations internationales. Les dons privés ont tendance à diminuer, il faut compenser. Dima est entrepreneur de Slaviansk dans l'oblast de Donetsk, spécialisé dans la production de pellets pour le chauffage. Sa maison a été partiellement détruite par un obus russe.
J'ai trouvé particulièrement intéressant qu'iels proposent des formations pour des IDPs (déplacé·es de l’intérieur), notamment pour du travail à domicile. Ces formations sont annoncées en ligne et suscitent un vif intérêt. Les gens intéressés passent par une sélection. Les professions proposées sont par exemple webdesign ou travaux manuels qui peuvent être réalisés à domicile. Un fait peu surprenant mais que je veux quand même souligner, iels travaillent en réseau avec plein d'autres organisations, comme Vostok SOS et une autre dont j'ai oublié le nom, pour l'évacuation notamment. Quand iels emmènent des gens au train de Pokrovsk vers l'Ouest, c'est pendant leur trajet que les partenaires proposent aux réfugié·es des logements, au moins temporaires, sur le trajet au fur et à mesure. La capacité de réaction rapide et d'improvisation de ces réseaux sont fabuleuses.
Livon
Notre ami, chercheur et activiste de l'humanitaire, d'origine arménienne est de nouveau passé nous voir. Selon lui, actuellement le nombre des gens qui traversent la ligne de front entre terres occupées et non-occupées est à peu près égal dans les deux directions. Pour vous donner une idée, par exemple, un des passages au sud de Zaporijjia compterait en moyenne 1600 personnes en direction de l'Ukraine libre et 1200 personnes vers la zone occupée. Cela signifie qu'il y a beaucoup de gens qui retournent chez eux malgré tout. Iels prennent le risque de vivre sous l'occupation, préférant habiter leur propre maisons ou appartement, dans leur environnement habituel, au lieu d'être des réfugié·es à l'ouest de l'Ukraine ou à l'étranger. Ces gens sont souvent très déçus de l'accueil qu'on leur a fait.
Livon souligne que les grandes organisations et fondations continuent à ne pas travailler dans les zones à risque et que les initiatives près du front dépendent du soutien des organisations ou fondations de moindre taille et moins bureaucratiques. Et, comme tout le monde, il craint l'hiver dans les cités sans gaz et électricité.
Base UA
Ce sont environ 15 volontaires, très motivé·es, moyenne d'âge en dessous de 30 ans. Pendant plusieurs mois, iels se sont occupé·es d'évacuation des zones les plus chaudes, littéralement sous les tirs d'obus, notamment encore il y a quelques semaines de Sievierodonetsk et de Lyssytchansk. L'un des fondateurs a poursuivi ses études pendant plusieurs années en Allemagne, il parle l'allemand sans accent. Maintenant iels veulent systématiser leur travail en suivant leurs « clients » (des IDPs sans perspective de retour avant plusieurs années) jusqu'à leur réinsertion dans une vie sociale réussie, travail avec les enfants. Pour cela, iels commencent à travailler sur des projets de relogement dans plusieurs régions à faible densité démographique. Avec le soutien de fondations internationales, iels voudraient construire du logement écologique avec projets économiques à la clé, par exemple de recyclage et création d'objets à base produits recyclés. Iels ont encore besoin d'un peu de temps pour mettre ces projets au clair, nous allons approfondir notre contact, personnellement je vois beaucoup de synergies possibles.
Actuellement iels cherchent d'urgence un ou deux fourgons blindés (classe B4 – B6) pour l'évacuation des zones de combat. C'est urgent et très important. Pas très surprenant, le marché d'occasion pour ce genre de voitures en Europe est complètement asséché.
Autriche
Nous avons été contacté·es par un entrepreneur d'Autriche (pour l'anecdote, il est propriétaire de deux crématoriums). Il veut soutenir des initiatives humanitaires en Ukraine, et motiver d'autres donateurs en Autriche d’en faire autant. Avant le premier versement, il voulait rencontrer les bénéficiaires en Ukraine. Nous lui avons organisé un voyage à Kharkiv, Dnipro et Kramatorsk. Tout s'est très bien passé, il était fort impressionné du travail et du courage de nos partenaires à l'Est. Il a en particulier été surpris par la détermination des volontaires et pas seulement eux et aussi du fait qu'à quelques pas d'une attaque d'artillerie, les gens continuent à vivre comme si de rien n'était. Je suis persuadé qu'il faut organiser d'autre rencontres de ce type pour motiver des donateur/trices.5 mois de guerre
Bonjour à toutes et tous
Depuis exactement cinq mois, l'armée russe tue, mutile et torture quotidiennement des adultes et des enfants en Ukraine. En Occident, beaucoup de gens seraient fatigués et aimeraient tourner la page. L'accueil des réfugié·es n'est pas non plus toujours simple. Souvent, on entend que les sanctions ne donnent pas de résultat et il y a encore des gens pour proposer une paix négociée, pour laquelle il faudrait que l'Ukraine renonce à tous les territoires occupés, d'une surface à peu près équivalente à la région Auvergne Rhône Alpes en France.
Alors il nous faut nous remettre à la tâche, expliquer, rappeler les faits, mettre en contact les gens de bonne volonté.
L'approvisionnement en gaz étant mis en péril, certains gouvernements envisagent actuellement de diminuer le chauffage des bâtiments publics à 19 degrés. Peu importe comment évolue la guerre, en Ukraine cette question ne se pose pas, comme vous l'imaginez bien. Dans le nord et l'est du pays, le climat est continental et tous les hivers, il y a des périodes prolongées de gel pouvant aller en dessous de -25 degrés. Alors les dégâts dans l'infrastructure vont rendre inhabitable des centaines de milliers d'immeubles par manque de chauffage. Et ce ne sont pas que les réfugié·es qui ressentent la pression sur l'habitat. A l'ouest du pays les loyers ont flambés.
Prisonnier de guerre
Notre ami Maxime Butkevych est l'un des défenseurs des droits humains des plus actifs et connus d'Ukraine. Pacifiste, anti-autoritaire, antiraciste, depuis plus de 20 ans il est de tous les combats en soutien aux plus vulnérables. Tout de suite après le début de la guerre, il s’est engagé comme volontaire dans l'armée. À 45 ans, bon vivant et passant ses nuits devant l'ordinateur, il ne ressemble pas exactement à un soldat d'élite. Peu importe, il a rapidement été promu chef de son unité. Après deux mois d’entraînement et de service loin du front, il s’est retrouvé fin juin, avec son unité, dans la bataille meurtrière autour de la ville de Sievierodonetsk. Le 23 ou le 24 juin, iels ont été fait·es prisonnier·es par les Russes.
Après trois semaines de silence, à la demande des services ukrainiens en charge des prisonnier·es de guerre, les parents ont finalement décidé de s'adresser aux médias. Il faut faire face à la propagande russe qui veut faire de Maxime un fanatique d'extrême droite et exiger que ses droits soient respectés. Il y a un comité de soutien, pour le moment informel, mais très efficace. Il y a déjà eu des dizaines de publications dans des médias occidentaux, le 24 juillet par exemple dans le New York Times. Un journaliste de Libération est en route. Les amis en Suisse nous ont donné les instructions pour les démarches auprès de la Croix Rouge, c'est chose faite. Rechercher des prisonnier·es de guerre étant leur domaine quasi-exclusif et leur activité centrale. Mais la procédure va sans doute prendre plusieurs semaines, si ce n'est des mois, pour au moins savoir où et dans quelles conditions Maxime est détenu. En attendant reste le – timide – espoir que le fort intérêt des médias internationaux l'aidera à en sortir indemne. Maxime a soutenu pendant des années d'autres prisonniers Ukrainiens en Russie, tel que le cinéaste Oleh Sentsov et l'anarchiste Sasha Kolchenko. J'imagine qu'il a une impression de déjà-vu.
Selon une information de source officielle, il y aurait actuellement plus de 7000 militaires ukrainien·es en détention chez les Russes, plus un nombre inconnu de civil·es.
Les réfugié·es
Depuis le mois de juin, le mouvement de retour s'est accentué : de l'étranger vers les régions sans combats à proximité, de l'ouest de l'Ukraine vers le centre, Kyiv et le Nord. Même à Kharkiv, il y a des gens qui sont retournés, pourtant les bombardements y sont de nouveau quotidiens.
Chez nous, dans la région, on ressent qu'il y a nettement moins de personnes déplacées. Il y a de multiples raisons pour cela. En Transcarpatie, il y a des maisons vides dans les villages, mais elles ne sont pas faciles d’accès. Dans les villes, les loyers ont flambé. Dormir dans des salles de classes dans les écoles pendant des mois, ce n'est pas une solution.
A l'Est la tendance est à l'inverse. Nos amis à Dnipro et dans la région de Donetsk qui s'occupent d'évacuations racontent que les attaques aux missiles des dernières semaines de cibles civiles dans de nombreuses villes ont déclenché une nouvelle vague de départs. Depuis quelques semaines il y a aussi des nouveaux couloirs entre les territoires occupés et non-occupés qui ont été ouverts sans que l'on en parle publiquement. Cela concerne autant le Sud (Kherson, Zaporijjia), que le Nord-Est (Kharkiv).
La perspective de l'automne et de l'hiver est très inquiétante. La question se posera alors non pas en terme de quantité de logements disponibles mais en quantité de logements chauffables. Dans beaucoup de villes, les infrastructures ont été détruites. Est-ce qu'il y aura les ressources énergétiques pour chauffer tous ces immeubles ?
En termes politiques il n'y a pas grand-chose de réjouissant. Le parlement vient d'adopter deux lois clairement antisociales qui diminuent d'avantage les droits des employé·es des entreprises, notamment celles comptant moins de 250 personnes. C'est une dérégulation quasi complète : licenciements immédiats sans explications, contrats de travail sans horaires fixes, heures supplémentaires non-réglementées. Le prétexte étant qu'il faut soutenir l'économie en temps de guerre. Une pétition demande au président de ne pas signer les lois. La faiblesse des syndicats se fait cruellement sentir.
Dans la grande politique, Zelensky et son le chef de l’administration présidentielle, Andriy Yermak, resserrent les rangs en renvoyant le chef des services secrets SBU et la procureure générale. La justice et les services secrets sont deux talons d'Achille de l'Ukraine, corrompus et largement infiltrés par les Russes. Leurs remplaçants ne promettent rien de bon.
Dans la région, nous ressentons toujours très fortement la présence de la police militaire, à la recherche des hommes qui se cachent pour ne pas être mobilisés. Des raids dans des boîtes de nuit et dans des salons de jeux ont été montrés à la télé et ont suscité la critique, notamment d'officiers et de soldats au front. Du coup, le ministre de la Défense s'est exprimé publiquement contre toute mobilisation punitive qu'il estime à juste titre une aberration.
En termes d'ambiance malsaine, une déclaration de la vice-Première ministre Iryna Verechtchouk: elle vient d'annoncer que l'état ukrainien a l'intention de pénaliser les habitant·es des territoires occupés qui acceptent les passeports russes. Pour ceux et celles qui ont été piégé·es par l'occupation, c'est une mauvaise nouvelle et ça n'aide en rien pour améliorer la confiance en l'Etat ukrainien.
Deux articles en anglais que je recommande vivement :
Le premier est beaucoup plus optimiste que mon propre texte.
L'invasion russe rend l'Ukraine plus démocratique dit notre amie, l'excellente journaliste Nataliya Gumenyuk dans son article en anglais. Son optimisme n'est peut-être pas compréhensible pour tout le monde. Nous la connaissons bien et savons quel est le point de départ de ses observations : elle aime les gens et malgré toutes les horreurs qu'elle observe et décrit, elle a confiance en l'humanité. Ici elle se base sur des centaines d'entretiens dans toute l'Ukraine depuis le début de la guerre.
https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2022/07/russian-invasion-ukraine-democracy-changes/661451/
Et le second:
Dix terribles arguments de la Gauche internationale contre la résistance Ukrainienne, d'Oksana Dutchak.
https://commons.com.ua/en/10-zhahlivih-livackih-argumentiv-proti-ukrayinskogo-oporu/
J'ai traduit ces 10 « arguments ».
1. "Si un autre pays attaquait mon pays, je m'enfuirais tout simplement".
2. "Je ne me battrais jamais pour mon gouvernement"
3. "Notre gouvernement soutient l'Ukraine et je ne peux pas prendre le parti de mon gouvernement".
4. "Au lieu de se battre entre eux, les travailleur·euses ukrainien·nes et russe devraient retourner leurs armes contre leur propre gouvernement"
5. "Qui profite de cette guerre ?"
6. "Qu'en est-il de l'extrême droite du côté ukrainien ?"
7. "La Russie et l'Ukraine devraient négocier. Version améliorée : voici nos propositions pour un accord de paix"
8. "L'Occident devrait cesser de soutenir l'Ukraine car cela pourrait dégénérer en une guerre nucléaire".
9. "Nous ne vous parlerons même pas car vous êtes pour les armes"
10. "Bonne résistance russe contre mauvaise/inconnue/non existante résistance ukrainienne"
Vous trouverez les réponses d'Oksana Dutchak dans l'article, publié par le site « Commons » mené par des intellectuels de gauche en Ukraine, comme par exemple Denys Gorbach qui est intervenu à plusieurs reprises sur Radio Zinzine.
Ce que nous faisons
Pour un peu plus d'efficacité, nous avons divisé nos activités liées aux conséquences de la guerre en différents secteurs. Un groupe s'occupe d’aménager des logements temporaires pour des personnes déplacées chez nous au village, et aussi à des projets de développement socio-économique.
Parallèlement, nous continuons nos efforts pour mettre en contact les gens de bonne volonté du monde entier avec les initiatives, surtout à l'Est, qui ont besoin de soutien. Actuellement par exemple, un homme d'affaire de Vienne est en route entre Dnipro et le Donbass pour se faire une idée des besoins et rencontrer personnellement les activistes que nous lui avons recommandé. A la clé, un soutien régulier pendant une période a priori illimitée.
Ce travail de mise en réseau est passionnant car la crise humanitaire suscite beaucoup d'initiatives de parts et d'autres.
Des amis en Allemagne organisent un évènement public à Greifswald dans le Mecklembourg et je pense qu'il faut continuer ainsi dans d'autres pays.
Nos besoins sur place
Nos ami·es, artistes visuel·les de Louhansk se sont installé·es dans une maison du village. Ces derniers mois, iels ont bénéficié du soutien très concret de plusieurs équipes de volontaires, ce qui était très apprécié. Il y a toujours des choses à faire... contactez-nous !125 jours de guerre
Il fait très, très chaud ces jours-ci en Ukraine. En Transcarpatie, nous vivons une sécheresse inconnue depuis beaucoup d’années. Il faut improviser pour trouver de l’eau pour les bêtes et le potager. Le maïs et autres cultures voraces en eau dépérissent. Les vignes et les griottes par contre, qui d’habitude souffrent de l’oïdium et autres maladies fongiques, se portent à merveille.
Cela fait longtemps que je ne vous ai écrit. N’est-ce pas que tout a déjà été dit et que tout le monde aurait compris depuis longtemps ? Or - non. Un pomologue breton cite dans son message « amical » toute une panoplie d’arguments qu’il a probablement appris par cœur chez Russia Today (RT). Une organisatrice de concerts à Bâle m’a demandé de ne pas parler de la guerre lors du concert de mon groupe Hudaki, prévu pour le mois de septembre. Ben m…, il n’y aura pas de concert. Sortir du pays et nous taire, non merci. En effet, avec l’autorisation spéciale du ministère de la Culture, nos hommes-musiciens peuvent partir en tournée à l’étranger. Nous collectons des fonds pour de l’aide humanitaire.
L’espoir d’une fin prochaine de la guerre s’est estompée. Le dernier mois a été dur. Quelques-uns de nos amis et de nos connaissances sont morts au front, d’autres ont été blessés. Un autre, proche, a été pris en otage par l’adversaire avec son unité et nous nous inquiétons de son sort. Quelquefois nous sommes gagné·es par le sentiment que toute une génération de jeunes hommes brillants et dévoués est fauchée. Question de genre, il y a aussi beaucoup de femmes dans l’armée ukrainienne mais personnellement, je ne connais pas de victimes. De toute manière il n’y a pas de chiffres vérifiables sur le nombre des victimes, militaires et civiles.
C’est par des conversations privées que l’on apprend à quel point des soldats sont exténués, surtout ceux qui ont passé les dernières semaines au front du Donbass, soumis à des tirs d’artillerie incessants et faisant face à la mort quotidiennement.
Localement nous subissons l’absurdité et l’arbitraire de la police militaire dont la tâche est d’augmenter les effectifs de l’armée. Ceux et celles qui veulent se battre y sont partis depuis longtemps. Selon les chiffres officiels, l’armée ukrainienne compterait actuellement 700.000 hommes et femmes et le but serait d’arriver à 1 million. Les nouvelles du front ne donnent pas forcément envie… du coup, beaucoup d’hommes se planquent.
Un jeune ami a été envoyé au front sans préparation sérieuse avec toute son unité de volontaires. Au bout de trois semaines au front, dont dix jours sous les tirs d’obus, environ 90 pourcent de ses camarades ont trouvé moyen de quitter l’armée (sauf six qui sont morts): attestation médicale, prise en charge d’une personne handicapée etc. Ce qui ne veut pas dire qu’ils voudraient que l’Ukraine capitule – simplement ils ne voient pas de sens d’être au front sans savoir combattre.
Chez nous à la maison, nous hébergeons toujours une famille de 5 personnes et quelques ami·es qui viennent et repartent en mission humanitaire régulièrement. Dans la région il semble qu’au moins la moitié des réfugié·es soient rentré·es à la maison, même à Kharkiv qui est de nouveau sous les bombes depuis quelques jours. Kyiv était calme pendant presque un mois et nous commencions à croire que les systèmes de défense aérienne de la capitale étaient devenus infaillibles. Mais plus de 50 missiles envoyés d’un coup ce week-end, c’était visiblement trop. Parmi les victimes, certaines étaient parties au début de la guerre et étaient rentrées récemment.
Chez nous au village, il y a nettement moins de gens à l’école et au jardin d’enfants. Khoust, notre petite ville de province avec 30.000 habitant·es semble vidée. Pourtant, c’est difficile de se faire une image complète. A Oujhorod, dans les foyers de l’université, vivent toujours plus de milles réfugié·es et, selon l’administration, la population de l’oblast aurait augmenté de 1,1 millions avant la guerre à 1,5 actuellement. Il est possible que des gens qui s’étaient enregistrés et soient repartis entre-temps.
Donc le fait que les villes semblent vides pourrait être le résultat du manque d’argent, des combustibles chers ou inaccessibles et de la pression des contrôles permanents de la police militaire. Les carburants ont récemment réapparu dans les stations d’essence, quoi que limité à 20l par personne et jour.
La grande question se pose pour plus tard. Dans beaucoup de villes, les infrastructures urbaines sont complètement ruinées. Il n’y plus aucune raffinerie de pétrole en Ukraine en état de fonctionner. Comment les gens vont-ils se chauffer dans les immeubles ? Est-ce qu’il y aura de l’eau et de l’électricité ?
Une petite statistique qui date déjà un peu
En 100 jours de guerre, la Russie a reçu 93 milliards d'euros par la vente de ressources énergétiques, dont 61% à des pays de l’UE. Pour cette période, cette somme dépassait de trente fois l’aide militaire accordée par les États-Unis. Peu surprenant, la Russie paye ses soldats à travers Gazprombank, la même banque qui reçoit l’argent de la vente du pétrole et du gaz à l’étranger.
Voici mon message marqué par une certaine fatigue. Quoi que nous rencontrions presque tous les jours des gens pleins de courage et confiants dans l’avenir. Dans les réseaux sociaux il y a constamment des mobilisations pour de l’aide d’urgence qui reçoivent toujours de nombreuses réponses. Un fond privé a lancé la semaine dernière un appel pour acheter trois drones Bayraktar, en quelques jours il y a eu assez d’argent pour quatre. Alors les fabricants turcs ont décidé de donner les engins – gratuitement.
De toute manière, les collectes et initiatives privées continuent à porter le gros de la résistance ukrainienne, il n’y a pas le moindre doute là-dessus. Et c’est là aussi l’avenir du pays pendant une future reconstruction; et sans doute, à mon avis, notre fonction prioritaire: mettre en réseau, mettre en contact les gens de bonne volonté d’ici et là, tout ce tissu d’initiatives civiques si divers, si fort et si subversif.
Le statut accordé à l’Ukraine de membre-candidat à l’Union européenne est à ce moment aussi une geste important, au moins au niveau psychologique.
PS : en ce moment même, au village, nous accueillons le Biruchiy Contemporary Art Project: Art in War. Je vous ferais un petit rapport dans mon prochain message.84 jours de guerre en Ukraine
Salut tout le monde
Quelquefois, j’ai l’impression que nos voisin·es me prennent pour un médium. Ces derniers temps, presque toute conversation spontanée commence par la question: combien de temps ça durera encore?
Sous-entendu, combien il y aura encore de victimes, et combien d’existences ruinées? Or je me suis déjà planté la dernière fois, ne croyant pas à une guerre à grande échelle… dorénavant je m’abstiens de tout pronostic.
Hormis, peut-être, ce constat: la classe politique et la majorité de la population ukrainiennes ne sont pas prêtes à une capitulation ou toute autre forme de compromis sur le dos des gens qui se trouvent actuellement sous occupation russe. Dans la région de Melitopol dans le sud-est par exemple, des unités de partisan·es combattent efficacement l’occupant. Après la guerre, l’on peut s’attendre à une multitude de publications captivantes, mais sans doute terribles aussi.
Certain·es réfugié·es rentrent. C’est à constater aussi aux frontières. Depuis quinze jours, les gardes-frontières ukrainiens comptent plus de gens qui reviennent que quittant le pays. A l’intérieur, les trains circulant de la Transcarpatie vers Kyiv et encore plus à l’Est sont pleins.
Jusqu’au début de la guerre, notre ami Guena habitait avec sa famille à Irpine, près de Kyiv. Leur appartement a été partiellement détruit par un tir d’obus. Il s’y est rendu la semaine dernière pour le protéger des pillages et des intempéries. Y habiter n’est pas très réaliste en ce moment, il n’y a pas d’eau courante, et l’électricité n’est pas stable. Plus de la moitié de la ville est en ruine. Il n’y a pas de magasins ouverts dans la ville. Encore Guena peut-l se considérer heureux, beaucoup d’autres n’ont plus rien à sauver.
Au nord de Kharkiv, l’armée ukrainienne a repoussé les Russes à plus de 30 km de la ville, ce qui la met à l’abri des tirs d’artillerie. C’est une aubaine formidable après plus de deux mois de destruction permanente et de morts quotidiens. Tchernihiv, au nord-est de Kyiv, est largement détruite. Avant la guerre c’était l’une des plus belles villes d’Ukraine, tranquille, confortable, verte avec ses grands parcs et ses allées ombragées de grands arbres. Dans les zones plus proches de la frontière (au nord de Kyiv) il y a régulièrement des tirs d’artillerie. Il semble que l’objectif principal de ces tirs soit de ne pas permettre aux à la défense ukrainienne de diminuer ses effectifs dans ces régions. En souffre comme toujours la population.
Défense territoriale
Il y a quinze jours, les unités de défense territoriale de Transcarpatie, plusieurs milliers d’hommes, ont été transférées au front, quelque part à l’Est. Nous ne sommes pas censé·es savoir où ils se trouvent exactement. Ici en Transcarpatie, la guerre était restée un peu virtuelle pendant les premiers deux mois, du coup ça change. Les entraînements de ces unités de volontaires donnaient l’impression plutôt d’un simulacre que d’une préparation à la guerre. Personne (moi y compris) n’imaginait que ces soldats sans expérience seraient envoyés dans des lieux où il faudrait combattre. Mais qui avait imaginé une guerre de cette envergure et durée? Et la logique militaire est décidément différente de « la nôtre ».
Pour les proches de ces soldats, ce n’est pas cool. Le pire, c’est qu’à peine arrivée à l’Est, une unité a été la cible de plusieurs tirs de mortier. Quatre soldats sont morts sur le coup, deux sont à l’hôpital. Nous n’avons que peu d’informations sur ce qui s’est passé, alors je vous donne une version non confirmée. Tous ces soldats ont été assez bien équipés dès leur arrivée, protections individuelles d’excellente qualité et même un système de radio-transmission Starlink (Elon Musk). Or c’est quelques heures après l’installation de ce récepteur-miracle que cette unité a subi ces tirs. Est-ce que les Russes peuvent déceler ces appareils?
Nous sommes à double titre inquiets, Slava, notre ami proche fait partie de l’unité qui a essuyé l’attaque meurtrière.
Mobilisation
En ce qui concerne la mobilisation, il y a des signaux contradictoires. D’un côté, le pouvoir annonce des facilitations pour certaines catégories d’hommes de quitter le territoire. De l’autre côté, il est question d’atteindre rapidement le chiffre d’un million d’hommes et de femmes en armes, trois fois plus environ que maintenant. A quel point cela est réaliste, j’ai du mal à dire. En Transcarpatie, un grand nombre d’hommes se planque de la police militaire que l’on voit quotidiennement postée à des carrefours et autres lieux publics. Officiellement il y a 1 million de réservistes.
Aide humanitaire
Nous avons réussi à assurer nos ami·es à Kharkiv de l’initiative NEBO du soutien de plusieurs grosses organisations de l’Occident. Actuellement nous cherchons à aider plus systématiquement une initiative à Dnipro, « Les Anges Salvateurs », qui travaille sur un large territoire de l’est ukrainien: évacuation et aide aux personnes déplacées.
Revenons vers chez nous
C’est devenu très compliqué de trouver du gasoil dans les stations d’essence ces derniers temps. Il faut attendre deux heures et plus pour acheter 20 litres. Si l’on n’a pas de temps et assez d’argent, l’on peut s’en procurer chez des spéculateurs qui vendent du gasoil sans limite. La différence de prix impressionne: au lieu de 1,25€ dans les stations, chez eux il coûte 1,85€ le litre. Pour des salaires ukrainiens, c’est de la folie. Le gouvernement a décidé de libérer les prix, sans doute prochainement le gasoil reviendra dans les stations à prix élevé pour tout le monde.
Les arts
S’iels ne sont pas à l’armée, les musicien·nes, sculpteur/trices, peintres et autres artistes se remettent petit à petit au travail. Il y a des actions de soutien à l’armée ou d’aide morale aux personnes déplacées à l’intérieur du pays, et beaucoup de manifestations de solidarité à l’étranger. Avec notre groupe Hudaki Village Band nous allons partir à l’étranger au mois de juin si le ministère de la Culture nous en donne la permission.
Au village aussi, nous voulons donner un peu d’air frais en organisant un symposium d’artistes avec le Biruchy contemporary art project . Biruchy est une péninsule dans la mer d’Azov, actuellement sous occupation russe. Nos ami·es y réunissent chaque année des artistes des arts visuels parmi les plus reconnu·es d’Ukraine. Les derniers deux jours du symposium, iels présenteront au public leur réalisations dans une exposition au centre du village. Ensuite, l’expo partira directement à New York (sans blague).
Agriculture ukrainienne
Pour finir une petite vidéo de nos collègues de l’initiative Babylon 13 sur le quotidien actuel dans une grande ferme ukrainienne.65 jours de guerre en Ukraine
Bonjour à toutes et tous
Pour le week-end, je vous envoie quelques textes que j'ai trouvé très intéressants pour situer la guerre dans un contexte plus large. La plupart en anglais, pardon.
Pour situer le nationalisme ukrainien dans sa dimension historique, il est utile de faire connaissance avec l'intellectuel du 19e siècle Mykhaïlo Drahomanov.
Dans cette vidéo, des anarchistes ukrainien·nes, bélarusses et russes donnent leurs points de vue sur l'origine de la guerre en Ukraine (33', en anglais).
Timothy Snyder (historien américain, spécialiste de l'histoire de l'Europe centrale et de l'Est et de la Shoah. Il est titulaire de la chaire Richard C. Levin d'histoire à l'université Yale et membre permanent de l'Institut des sciences humaines à Vienne) dit que la Russie mène une guerre coloniale (en anglais).
De la part de nos amies :
Nataliya Humenyuk écrit sur les perspectives du Donbass.
Et last but not least, nos amies cinéastes Lena et Ania (elles vivent avec nous depuis le début de la guerre) ont réalisé à notre demande une vidéo sur l'initiative NEBO à Kharkiv que nous soutenons.
Pour rappel, NEBO est un groupe de volontaires créé spontanément début mars à Kharkiv. Extraits de leur présentation :
D'ancien·nes ingénieur·es et employé·es d'un atelier de réparation de locomotives, des restaurateurs/trices et des chauffeur·es de taxi, des DJ et des enseignant·es se sont associé·es pour offrir des repas chauds et une aide humanitaire aux plus démuni·es de Kharkiv et de sa banlieue. NEBO s'est installé dans deux cuisines de restaurant dans le centre de Kharkiv, où des repas chauds sont actuellement préparés chaque jour pour 7.800 personnes. « Ces personnes se trouvent dans des abris antiaériens, des écoles, des internats et des hôpitaux. Dans les circonstances actuelles, elles ne peuvent pas cuisiner pour elles-mêmes », explique Serhiy Chubukov, l'un des fondateurs de NEBO.
Situation des réfugié·es en Transcarpatie
Le UNHCR estime le nombre des personnes déplacées en Transcarpatie au 20 avril à 380.000. Aucun autre oblast (unité administrative de type région) n'en reçoit autant. Leur nombre est plus ou moins stable, actuelle tendance vers une légère baisse due aux retours à Kyiv et quelquefois vers l'étranger. Après l'attaque au missile au centre-ville de Kyiv ce matin, c'est évident que des familles avec leurs enfants vont reconsidérer leur envie de rentrer à la maison. Si les Russes réussissaient des percées importantes à l'Est, il faudrait s'attendre à une nouvelle vague d'arrivées.
Comment nous « gérons » localement
Avant-hier, nous avons accompagné un groupe de 17 femmes et enfants jusqu'en Roumanie. Leur destination finale est la Bulgarie ou on leur propose des logements et du travail. Tout s'est très bien passé. Mais une fois de plus, voir ces gens qui n'ont jamais quitté l'Ukraine, avec leurs grands sacs de voyage, y compris un petit chien, avec leur regard un peu perdu et angoissé, traverser à pied le pont sur la Tisza, il faut se cramponner... On fait des petites blagues pour les détendre. L'accueil du coté roumain est chaleureux, explications tout en ukrainien, repas chaud, transfert vers la gare routière organisé par les volontaires. C'est bien et déchirant à la fois.
Dans le groupe, il y avait aussi une famille du centre sud-est de l'Ukraine et une femme de Marioupol qui avait habité pendant quelques jours chez nous. A la maison, nous sommes du coup un peu moins nombreux, ce qui ne fait pas de mal après ces deux mois de folie.
Notre amie T. gère notre gîte au village. Depuis le début de la guerre, celui-ci est constamment occupé au-delà de ses capacités par des réfugié·es de la région de Louhansk. Pour commencer, elle a trouvé quatre maisons à louer pour des prix entre 100 et 250€ (à 100€ c'est une pièce meublée chez quelqu'un·e, à 250€ une maison à trois chambres). Les prix ont flambé, mais quoi faire. Elle propose aux familles qui ont passé deux mois ou plus au gîte de s'y installer. Pendant les deux premiers mois, Tania payera le loyer et les charges plus une prime unique de 10.000 Hryvnias (300€). En même temps, elle incite les adultes à chercher du travail. De cette manière, elle a déjà installé trois familles, ce qui est un soulagement pour le gîte. L'argent vient de dons privés d'Angleterre. Mais il y a aussi des réfugié·es qui dormaient à l'école et à la maternelle qui se sont trouvé des locations de leur propre initiative. Il nous semble qu'une aide temporaire à l'installation est une bonne solution, elle ne crée pas de situation d'assistanat prolongée.
Nous sommes encore loin d'avoir une image complète des nouveaux/velles arrivé·es. C'est évident que le village sera enrichi par une diaspora de Louhansk. Mais il s'avère qu'il y a aussi des gens d'autres régions qui veulent rester ici, par exemple de Kharkiv et même de Rivne, 300km à l'ouest de Kyiv. Et, fait intéressant, parmi elleux il y a des petit·es entrepreneur·euses qui déménagent leurs équipements.
Avec T. et d'autres ami·es au village, nous aimerions aussi lancer des activités culturelles pour les jeunes et les moins jeunes.
La guerre arrive chez nous
La guerre s'est approchée d'un grand pas vers nous ces derniers jours. Les unités de la défense territoriale de Khoust et de plusieurs autres districts de Transcarpatie ont été appelées au front et sont parties hier, tôt le matin. Cela concerne aussi quelques amis proches du village. Ils ont reçu l'ordre de se préparer très rapidement, ce qui n’est pas tout à fait inattendu. Vu leur manque total d'expérience de combat, sans doute seront-ils affectés par exemple aux points de contrôle proches des zones de combat.
Aujourd'hui nous avons appris que leur voyage de deux jours s'est terminé dans la région de Donetsk. C'était inattendu pour tout le monde. Du coup, ce matin près de 80 femmes (mères, épouses...) se sont rendu spontanément à l'administration militaire de Khoust pour protester et demander des explications. Les familles craignent que ces jeunes gars soient envoyés au casse-pipe, sans réellement savoir combattre.
Viols et avortement
Comme vous l'avez sans doute lu ou entendu, beaucoup d'ukrainiennes ont été violées par les occupants russes. Un nombre qui restera inconnu de ses femmes sont enceintes. Pour les femmes qui ont trouvé refuge en Pologne commence un nouveau calvaire avec les lois hyper-restrictives sur l'avortement dans ce pays. Par contre, nos amies de Zaborona (média indépendant ukrainien) o